Rouen, le 11 avril 2022 – En septembre dernier, Drone XTR lançait le projet NOCEA afin de recenser, pour la première fois en France, le nombre de drones circulant sur une grande zone industrielle. Son ambition était de faire prendre conscience au gouvernement, aux élus politiques et aux industriels des risques liés aux drones survolant des zones sans autorisations. Retour sur les enseignements de cette expérimentation qui a permis de constater l’ampleur de la menace que représentent les drones depuis notre espace aérien.
Les drones présentent de nombreuses menaces : accident dû à une chute, acte terroriste, contrebande, espionnage, prise de vue illégale, atteinte à l’image… La réglementation qui encadre le vol de drones est très stricte et interdit les survols des sites industriels à risques et des zones d’habitation. Or, à ce jour, les services de police et les sites industriels sont très peu équipés de système de détection pour exercer des contrôles et faire appliquer la réglementation. Sans moyen de prévention et de contrôle, la porte est ouverte à toute infraction.
Drone XTR a développé une solution de contrôle de l’espace aérien basse hauteur basée sur la détection de drones. Afin de sensibiliser les industriels mais également les autorités aux risques de survols illégaux de drones, Drone XTR a financé l’expérimentation NOCEA (pour projet NOrmand de Contrôle de l’Espace Aérien) grâce au soutien de BPI France sous forme d’un prêt Innovation R&D.
L’objectif de cette expérimentation était de :
- Quantifier les vols de drones sur la Zone Industrielle Portuaire du Havre
- Lever les verrous à l’équipement d’une solution de contrôle et de gestion des espaces aériens, en validant les technologies et le dimensionnement des équipements afin de couvrir plusieurs sites et faire baisser les coûts de location oud’acquisition de la solution.
Cette expérimentation s’est déroulée sur la ZIP du Havre (la plus grande zone industrielle de France, équivalente à la surface de Paris intra-muros) entre septembre 2021 et février 2022. Les participants à cette expérimentation ont été classés en 2 catégories :
Industriels : Alkion, Care, Chevron Oronite, Lubrizol, Sedibex, Synthomer, TotalEnergies, Yara.
Institutionnels : Haropa Port, Synerzip-LH, Sûreté Martitime et Portuaire, Gendarmerie des transports Aériens de Deauville-Normandie, Gendarmerie de Saint-Romain de Colbosc.
Ce projet a permis de constater l’ampleur de la menace que représentent les drones depuis notre espace aérien. Au total, du 7 septembre 2021 au 21 février 2022, 3 638 vols de drones ont été détectés dans la ZIP du Havre, ce qui représente environ 22 vols de drones par jour. S’agissant de la zone P28[1], sur les 1 288 vols de drones qui ont été détectés, seulement 134 autorisations avaient été émises (soit 10,4% des vols).
Avec plus d’une vingtaine de vols répertoriés chaque jour dans la ZIP du Havre, les industriels ont l’obligation de mieux se préparer et de contrecarrer cette menace constante.
Sur la base de ce rapport, Drone XTR dresse une liste de préconisations, axées notamment sur:
- L’information, la sensibilisation et la dissuasion (panneaux d’information et d’interdiction de vol, information grand public des règles de vol, sensibilisation des autorités judiciaires et du parquet, mise en place de zones réservées aux dronistes via des clubs intéressés…) ;
- L’obligation d’activer le transpondeur par les fabricants dès la commercialisation du drone
- La protection des sites et des personnes (mise en place d’un protocole d’alerte sur les zones industrielles, définition d’une autorité anti-drones compétente, des critères d’intervention de l’autorité anti-drone, mise en place d’une fiche action en cas de chute de drone…) ;
- L’établissement de la preuve juridique (développement d’une solution permettant de constituer une preuve juridique infalsifiable et de traçabilité des détections par la blockchain[2]).
Pour répondre en partie à ces préconisations, Drone XTR a deux projets en cours :
HASIEL pour tester le système de détection du transpondeur[3] :
HASIEL, projet collaboratif monté avec HAROPA PORT, est l’expérimentation d’un système innovant de lecture du transpondeur des drones, développé en collaboration avec l’entreprise normande ARELIS – Groupe LGM, également membre de NAE. Elle répond à la demande de HAROPA PORT de contrôler les vols des dronistes autorisés à voler sur la ZIP du Havre. Ce projet va permettre de lever les verrous technologiques sur le nombre de capteurs nécessaires sur une grande zone afin de pouvoir répondre à une meilleure gestion des autorisations de vol. Débuté le 7 mars dernier, pour une durée de six mois et demi, HASIEL représente un budget de 35 000 euros financé par NAE dans le cadre du CIDN.
CLEAR-SPACE pour l’établissement de la preuve juridique :
Ce projet collaboratif avec le laboratoire LITIS (Université de Rouen, du Havre et INSA Rouen Normandie) porte sur le développement d’une solution globale qui permettrait de constituer des preuves juridiques de survols illégaux de drones. Cette solution, qui constituerait une innovation sur le marché, comportera 2 prototypes : un portail internet sécurisé centralisant les informations de détection et une solution d’ancrage et de traçabilité des détections par la blockchain. Prévu pour une durée de 24 mois à compter de juillet 2022, ce projet sera co-financé par Drone XTR, avec le soutien financier de l’Europe (40%) et de la Région Normandie (20%, financement en cours d’instruction), et par le laboratoire LITIS.
Enfin, le projet NOCEA est prolongé de huit mois avec SYNERZIP-LH qui souhaite maintenir l’accès à l’interface afin d’avoir le temps d’organiser une mise en concurrence d’une offre mutualisée.
Pour consulter le communiqué de presse : Cliquez ICI.
[1] Zone interdite de survol, associée à des sites industriels, nucléaires ou pétrochimiques. C’est le CNOA (Centre National des Opérations Aériennes) qui peut donner des dérogations de survol de ces zones.
[2] La blockchain (en français, chaîne de blocs) est une technologie qui permet de stocker et de transmettre des informations de manière transparente, sécurisée et sans organe central de contrôle.
[3] Depuis le 1er janvier 2021, l’installation d’un transpondeur sur les drones est obligatoire en France et dans toute l’Europe.